Les dirigeants d’entreprise sont de plus en plus conscients que les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) doivent faire partie de la stratégie globale d’une organisation, particulièrement lorsque les risques peuvent influer sur la santé financière, la résilience et la continuité à long terme. Pourtant, seulement 35 % des professionnels canadiens en ESG croient que leur organisation a une stratégie globale en matière d’ESG, selon un récent sondage de KPMG.

« Pour élaborer une stratégie d’entreprise intégrée, il est essentiel de tenir compte de l’ensemble des risques en matière d’ESG auxquels l’organisation est exposée. », déclare Prathmesh Raichura, associé des Services-conseils – Gestion des risques, ESG chez KPMG au Canada. Gérer les risques ESG auxquels votre organisation est exposée peut vous aider à réduire vos vulnérabilités, à repérer les occasions d’innovation, à améliorer vos relations avec les parties prenantes et à obtenir un avantage concurrentiel. »

Les chefs d’entreprise, les investisseurs, les gouvernements et les autorités de réglementation s’accordent de plus en plus pour dire que le risque de durabilité est également un risque financier. En mars, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a publié ses lignes directrices sur la gestion des risques climatiques à l’intention des institutions financières sous réglementation fédérale. Lorsque les lignes directrices entreront en vigueur, les banques et les assureurs canadiens devront tenir compte des risques et des occasions liés au climat dans leurs processus de planification des besoins en capitaux et en liquidités et d’évaluation de la solvabilité.

Cela aura probablement aussi un effet en aval sur les organisations qui cherchent à mobiliser des capitaux ou obtenir un financement à des taux préférentiels.

« L’annonce du BSIF est un signe de ce qui se passera dans d’autres secteurs : les risques climatiques doivent être pris en compte dans tous les aspects de l’organisation et intégrés au processus habituel de gestion des risques », déclare Andrew Ross, premier directeur au sein du groupe ESG de KPMG.

Il ajoute que, si le climat est souvent au premier plan des préoccupations des entreprises et des autorités de réglementation en matière de développement durable, l’accent mis sur les pratiques ESG exige d’une organisation qu’elle intègre dans ses stratégies les risques et les occasions complémentaires liés aux facteurs sociaux et de gouvernance.

Selon Teanne von der Porten, directrice générale du groupe ESG de KPMG, « la stratégie d’une entreprise doit tenir compte de cette portée élargie, y compris les risques physiques et transitoires. Cela signifie de comprendre les risques d’atteinte à la réputation associés au fait de ne pas répondre aux attentes des investisseurs, des clients et de la communauté, et d’y remédier. »

Faisant référence au projet de loi du Canada sur la lutte contre le travail forcé et le travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement, elle poursuit : « Il faudra que les entités du secteur public et du secteur privé qui font affaire au Canada ou avec le Canada divulguent les mesures prises pour lutter contre les risques de travail forcé et de travail des enfants dans l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. La législation canadienne sera ainsi alignée sur celle des États-Unis, de l’Australie et de l’Europe. »

Toujours selon Mme von der Porten, une stratégie globale en matière d’ESG doit tenir compte de la planification de la poursuite des activités et de la résilience face à des défis ESG de plus en plus complexes et interconnectés.

Transformer les risques ESG en occasions

Le marché, les consommateurs et les autorités de réglementation exigent de plus en plus que les organisations adoptent une approche globale de la gestion des risques en matière d’ESG. D’après M. Ross, il y a d’autres raisons d’intégrer les principes ESG dans les activités de base de l’entreprise.

« En raison du virage mondial vers une économie durable, la façon dont notre système économique est structuré et fonctionne aujourd’hui sera complètement différente dans dix ans, puis quinze ans après, explique-t-il. Les entreprises qui s’engagent dans cette transition seront probablement favorisées par les investisseurs et attireront des capitaux. Les organisations qui tardent à s’adapter risquent de perdre leur position sur le marché et l’accès à des talents qualifiés au profit de leurs concurrents qui ont pleinement adopté cet état d’esprit centré sur les facteurs ESG. »

M. Ross affirme que les détaillants de premier plan ont systématiquement évalué leur chaîne d’approvisionnement pour toute leur gamme de produits. Ils ont identifié les produits et les processus à forte intensité de carbone et élaboré une stratégie pour mobiliser les principaux fournisseurs et développer ou concevoir des produits dont l’empreinte carbone est plus faible.

« Cela a conduit à des chaînes d’approvisionnement plus efficaces et à une réduction des coûts de production, y compris ceux associés aux systèmes de tarification du carbone, qui transitent souvent par les fournisseurs jusqu’au détaillant. Nous avons également commencé à voir un plus grand nombre de détaillants entreprendre une évaluation des risques climatiques associés à leur chaîne d’approvisionnement afin de détecter les points chauds potentiels où les centres de distribution, les entrepôts et les sites des principaux fournisseurs peuvent être menacés par les risques physiques des changements climatiques. »

Comprendre et gérer l’exposition aux risques en matière d’ESG

De nombreux dirigeants sont conscients de l’importance d’une gouvernance, d’une surveillance et d’une responsabilité solides en matière d’ESG au niveau du conseil d’administration et de la direction, ainsi que des activités de l’entreprise.

Comment les dirigeants peuvent-ils évaluer leur exposition aux risques ESG?

Dans un premier temps, Mme von der Porten recommande de déterminer où l’organisation est la plus vulnérable, puis de hiérarchiser les risques qui menacent le plus la création de valeur.

« Les dirigeants peuvent également recueillir de l’information sur la performance actuelle de leur entreprise en la comparant à celle de leurs pairs et aux attentes des parties prenantes, ajoute-t-elle. L’engagement auprès de la communauté, des fournisseurs, des clients, des employés, des prêteurs et des agences de notation sera crucial pour aider une entreprise à établir ses objectifs en matière d’ESG. »

Selon elle, les entreprises peuvent utiliser cette rétroaction pour élaborer des objectifs et des indicateurs clés de performance et des plans d’action.

« Une fois que vous avez compris les risques ESG auxquels votre entreprise est exposée, vous pouvez cibler les possibilités qui la distingueront et la positionneront pour assurer sa réussite à long terme », conclut Mme von der Porten.

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