​Selon une nouvelle étude de KPMG au Canada, la technologie numérique peut contribuer à réduire le carnet de commandes des projets d’infrastructure et de logement au Canada, engorgés en raison d’une demande sans précédent et d’une pénurie chronique de main-d’œuvre.
Dans un nouveau sondage de KPMG au Canada auprès de 275 entreprises du secteur de la construction, près de neuf entreprises de construction sur dix disent que le manque de main-d’œuvre qualifiée ou d’ouvriers a une incidence sur leur capacité à soumissionner dans le cadre de projets ou à respecter les échéances, et que la technologie numérique peut les aider à rendre leurs effectifs plus efficaces et à réagir aux pénuries.

« La technologie peut aider le secteur de la construction à surmonter les défis du logement et de l’infrastructure au Canada », affirme Tom Rothfischer, associé et leader national, Bâtiment, immobilier et construction chez KPMG au Canada. « S’ils sont utilisés avec discernement, les outils numériques peuvent faire gagner temps et argent, réduire le gaspillage, et améliorer la sécurité et la productivité des travailleurs. En résumé, ils aident à terminer les projets dans les délais impartis ou avant l’échéance tout en respectant le budget. »

M. Rothfischer souligne que le secteur de la construction peut adopter de nombreuses technologies employées en fabrication pour augmenter la productivité et réduire les coûts. Les technologies d’impression 3D employées en fabrication ont été adaptées au secteur de la construction pour couler le béton et bâtir des profilés en acier complexes. Des robots peuvent poser des briques et fixer des barres d’armature en acier. L’arpentage à l’aide de drones peut aider les entrepreneurs à planifier les travaux, à mesurer les quantités et à surveiller l’avancement des travaux avec rapidité et précision. La modélisation des données du bâtiment (BIM) permet aux équipes de projet de collaborer avec plus d’efficacité et de concevoir des solutions novatrices afin d’optimiser les coûts et les calendriers de construction. Les technologies du jumeau numérique s’appuient sur la modélisation des données du bâtiment pour intégrer les données en temps réel sur les actifs bâtis à des répliques virtuelles 3D et exactes. Ces jumeaux serviront à vérifier des hypothèses, notamment l’incidence des changements apportés à la conception, l’ordre des travaux, les perturbations météorologiques, et les modifications opérationnelles.

Comme ailleurs, le secteur de la construction au Canada, qui va de l’immobilier résidentiel et commercial aux bâtiments industriels, institutionnels et civils en passant par les infrastructures, a été lent à adopter les nouvelles technologies numériques. La pandémie, combinée à l’intensification de la pénurie de main-d’œuvre, a toutefois joué le rôle de catalyseur dont avait besoin le secteur pour repenser ses modes de fonctionnement.

« Nous constatons un véritable recalibrage dans le secteur de la construction », affirme M. Rothfischer. « Si de nombreuses entreprises entament à peine leur parcours sur la voie du numérique, les chefs de file voient bien ce que la technologie peut apporter comme puissance de transformation de leurs méthodes de travail et ont l’intention d’investir pleinement dans les années qui viennent. La technologie ne représente toutefois qu’une partie du chemin. Son réel avantage sera perçu par les entreprises qui l’intègrent vraiment à leurs activités, des services administratifs au chantier de construction. »

Voici les principaux constats du sondage

  • 73 % des répondants pensent que le secteur de la construction au Canada est en retard par rapport à d’autres pays en ce qui a trait à l’adoption de la technologie numérique
  • 67 % disent que les répercussions de la pandémie les ont poussés à investir dans la technologie
  • 86 % conviennent que les technologies perturbatrices peuvent être sources d’économie et d’efficacité, et 50 % sont tout à fait d’accord
  • 85 % estiment que les technologies perturbatrices pourraient rendre leur entreprise plus concurrentielle
  • 81 % disent que leurs équipes administratives et leurs gestionnaires applaudissent avec enthousiasme l’arrivée des nouvelles technologies, et 80 % disent que leurs équipes de projet et leurs travailleurs font de même
  • 46 % prévoient consacrer plus de 11 % du budget d’exploitation de l’entreprise à la transformation technologique et numérique, 33 % anticipent qu’ils dépenseront entre 6 à 10 %, et 20 % dépenseront jusqu’à 5 %

« Les chefs de file du secteur de la construction adoptent déjà la technologie pour augmenter la productivité et mieux gérer les projets, et améliorer la sécurité sur les chantiers ainsi que la prise de décisions », affirme Mary Van Buren, présidente de l’Association canadienne de la construction (ACC). « Il y a toutefois un coût à investir dans la numérisation qui n’est pas nécessairement partagé par tous ceux qui participent au processus d’approvisionnement. Les marges de profit sont minces en construction, particulièrement pour les entrepreneurs de petite et moyenne taille, ce qui rend de plus en plus difficile l’adoption d’innovations au sein de leurs activités. C’est pourquoi l’ACC poursuit son travail auprès des ministères fédéraux pour qu’ils modernisent leurs processus d’approvisionnement de façon à favoriser l’innovation en appuyant le partage du risque. »

La pénurie de main-d’œuvre frappe les projets de plein fouet

Le sondage de KPMG révèle que le secteur de la construction au Canada est doublement frappé, d’un côté par une augmentation sans précédent de la demande de logements neufs et de projets d’infrastructure, et de l’autre par une grave pénurie de main-d’œuvre qui remet en question la capacité des entreprises à soumissionner dans le cadre de projet ou à respecter les échéances.

Dans l’espoir de régler cette situation, les entrepreneurs recherchent des façons d’atténuer les contraintes sur la main-d’œuvre pour être en mesure de répondre à la demande.

« La répartition efficace des corps de métier est l’un des plus importants défis que doit relever le secteur, et c’est l’une des mesures qui renferment le plus de promesses », affirme Jordan Thomson, directeur principal, Services-conseils en infrastructure chez KPMG au Canada. « De nombreuses entreprises sont en train de déployer des outils numériques, ou prévoient le faire, pour augmenter leur efficacité sur les chantiers et parvenir à faire plus avec moins. L’analyse de données, la technologie vestimentaire, les capteurs de l’Internet des objets et la modélisation des données du bâtiment peuvent favoriser l’augmentation de la productivité, rendre la planification plus efficace, augmenter la qualité, réduire le gaspillage et améliorer la protection des travailleurs. »

Or, selon M. Thomson, à mesure que les entreprises adoptent les technologies, il faudra aussi que la composition de la main-d’œuvre change pour que soient intégrés de nouveaux rôles au sein des équipes de projets : ingénieurs en logiciel, concepteurs BIM, analystes de données et opérateurs de drones, entre autres. Les drones, par exemple, sont de plus en plus utilisés aux étapes de la planification et de la conception; ils servent à analyser les sites, à réaliser les tracés topographiques et l’arpentage, à exercer une surveillance en temps réel et à protéger les travailleurs sur les chantiers.

« Compte tenu du grand nombre de projets de construction qui se profilent à l’horizon, la seule façon pour les entreprises d’être compétitives et de terminer le travail en respectant le calendrier et le budget est d’adopter les technologies numériques et de moderniser leurs opérations pour s’assurer d’exploiter pleinement le potentiel de la technologie numérique », dit-il.

  • 90 % des entreprises de construction sont présentement aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre qualifiée
    • Au Québec, ce score atteint 94 %
  • 86 % disent que les pénuries de main-d’œuvre qualifiée ont une incidence sur leur capacité à soumissionner pour des projets ou à respecter les échéances
    • Au Québec, cette proportion atteint 94 %, et en Colombie-Britannique, 90 %
  • 86 % disent qu’étant donné les contraintes actuelles liées à la main-d’œuvre, elles doivent rechercher des solutions de rechange, comme la préfabrication et la construction modulaire, ou encore des outils et de l’équipement novateurs (94 % au Québec)
  • 89 % conviennent que de meilleurs outils de gestion de projets, tels que l’analyse de données, la modélisation des données du bâtiment et les jumeaux numériques, contribuent à résoudre les pénuries de main-d’œuvre et à augmenter la productivité des employés
  • 91 % estiment qu’il faut insuffler beaucoup plus de souplesse dans le système d’éducation pour permettre aux jeunes d’apprendre un métier de la construction
    • 97 % des répondants du Québec sont de cet avis
  • 77 % disent que la transformation numérique exigera l’embauche de nouveaux talents au sein de leur organisation dans une « large mesure » et dans une « très large mesure » (44 %) et dans une « mesure modérée » (33 %)

À propos du sondage 2023 de KPMG au Canada sur la maturité numérique dans le secteur de la construction

En faisant appel à la plateforme de sondage en ligne Methodify de Sago, KPMG au Canada a sondé l’opinion de 275 entreprises de construction au Canada entre le 23 novembre 2022 et le 17 mars 2023 pour mesurer le chemin parcouru par ce secteur en matière d’adoption des nouvelles technologies et de transformation des méthodes d’exploitation. Des entrepreneurs généraux (38 %), des propriétaires (28 %), des fournisseurs (13 %), des sous-traitants (11 %) et des experts-conseils tels que des ingénieurs et des architectes (11 %) ont répondu au sondage.

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Vice-président principal, Affaires publiques et pratiques d’approvisionnement
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