Les petites et moyennes entreprises canadiennes (PME) sont au cœur de l’économie du pays et pour tirer leur épingle du jeu, elles doivent faire preuve d’une très grande agilité et d’une remarquable capacité d’adaptation et de résolution de problèmes.

Dans le cadre de la dernière enquête de KPMG Entreprises privées, menée en septembre 2023, 700 dirigeants de PME ont expliqué l’approche et les stratégies qu’ils appliquent pour relever les défis auxquels ils font face. Des sociétés fermées et des entreprises familiales d’un bout à l’autre du Canada ont également été sondées.

La conclusion qui ressort clairement de l’enquête menée cette année est que ces dirigeants font face à un éventail complexe d’obstacles : enjeux opérationnels non résolus depuis des années (p. ex., pénurie de talents, abordabilité, cybersécurité, planification de la transition), menaces en constante évolution relativement aux changements climatiques, technologies perturbatrices, changements dans la réglementation gouvernementale et autres facteurs externes défavorables. Ensemble, ces facteurs créent une conjoncture qui pourrait mettre à l’épreuve la détermination de n’importe quelle PME.

Les dirigeants d’entreprises ne sont pas en terrain inconnu lorsqu’il est question d’adversité. Loin de là, en fait. Comme l’enquête menée par KPMG le démontre, les PME canadiennes s’illustrent par leur esprit d’entrepreneuriat, leur résilience et leur ingéniosité, autant d’atouts qui leur sont nécessaires si elles veulent prospérer, évoluer et se montrer concurrentielles dans leur secteur respectif.

Un vent d’optimisme souffle également chez les dirigeants de PME canadiennes, 88 % d’entre eux se disant confiants envers les perspectives de croissance de leur entreprise pour les trois prochaines années, ce qui représente une amélioration par rapport à 2022 (83 %) et un bond notable par rapport au degré de confiance des plus grandes sociétés au Canada dont il est question dans le rapport Perspective des chefs de la direction de KPMG 2023 (80 %). De plus, 86 % des dirigeants de PME sondés disent être dans une meilleure position financière aujourd’hui, grâce aux mesures prises pour se préparer en vue d’une récession.

Même s’ils se disent très confiants, la plupart des dirigeants d’entreprises (76 %) reconnaissent qu’ils devront réduire davantage leurs coûts s’ils veulent faire face à un ralentissement économique.

88%
88 % sont optimistes quant aux perspectives de croissance de leur entreprise
86%
86 % des PME sont dans une meilleure position financière aujourd’hui grâce aux mesures prises pour se préparer à une possible récession

Obstacles à la croissance

Les PME canadiennes doivent composer avec plusieurs obstacles dans leur quête de croissance. D’après l’enquête menée cette année, la cybersécurité et les technologies émergentes sont respectivement en première et en deuxième place au classement des menaces perçues par les entreprises. Cela s’explique en partie par l’évolution et l’adoption rapides des technologies perturbatrices. Les technologies émergentes présentent de nombreux avantages, mais elles accroissent les cyberrisques et complexifient les questions de confidentialité et de protection des données.

Les coûts d’exploitation arrivent également en haut du classement des PME lorsqu’il est question des menaces à leur croissance. Ce résultat est en grande partie imputable à la hausse des taux d’intérêt et à l’inflation, qui font gonfler les coûts d’exploitation. Dans le même ordre d’idée, les enjeux liés à une transition vers une exploitation et des sources d’énergie plus vertes font également en sorte que les questions de sécurité énergétique, d’environnement et de changements climatiques sont passées au centre des préoccupations.

Les quatre principales entraves a la croissance pour tous les trois prochaines annees

Stratégies axées sur la croissance

Les PME canadiennes ont adopté plusieurs stratégies internes et externes pour poursuivre leur croissance : hausse des prix pour les clients, interruption des plans d’expansion, rationalisation des coûts d’exploitation, perfectionnement des compétences du personnel, automatisation, évaluation des possibilités de fusions-acquisitions et modernisation des stratégies appliquées aux chaînes d’approvisionnement.

Principals strategies de croissance pour tous les trois prochaines annees

Regain d’inquiétude à l’égard de la cybersécurité

La cybersécurité est une priorité qui est devenue plus complexe – et anxiogène – pour les PME. Cela s’explique en partie par la vague de technologies perturbatrices qui a déferlé dans l’environnement cybernétique et par les cyberattaques dont une grande proportion de PME (63 %) ont été victimes au cours de la dernière année (rançongiciels, logiciels malveillants, vols de données, attaques par déni de service, etc.).

Les cybermenaces pèsent plus lourd chez les PME; 71 % d’entre elles affirment que leurs systèmes actuels les rendent vulnérables aux cyberattaques. Or, comme 66 % des PME disent ne pas avoir les compétences ou les ressources internes pour mettre en place des contrôles de cybersécurité ou prévenir les cyberattaques, il ne faut pas s’étonner de constater que la cybersécurité constitue pour elles une des principales menaces.

La transformation numérique à l’ère de l’IA

Les PME se montrent plus prudentes lorsqu’il est question d’investissements technologiques. Elles sont néanmoins bien au fait des avantages de la transformation numérique, 87 % d’entre elles ayant l’intention d’utiliser les données comme source d’information pour cibler les inefficiences et réduire ou contrôler leurs coûts. Par ailleurs, une écrasante majorité (97 %) s’accorde pour dire que suivre l’évolution des technologies est essentiel si elles veulent continuer à devancer la concurrence.

L’IA est devenue un élément central du discours sur la transformation numérique. Environ un tiers (32 %) des répondants disent que leur entreprise se presse pour saisir le potentiel de l’IA et qu’ils recrutent activement pour les aider à déployer cette technologie – experts en science des données, professionnels techniques et en apprentissage automatique, etc.

La majorité des PME encouragent leurs employés à se perfectionner dans des domaines comme l’IA et l’analyse de données afin de prendre des décisions plus éclairées pour améliorer leurs activités.

76%
76 % des PME estiment que les avantages de l’IA générative l’emportent sur les risques liés à son adoption
33%
Seulement 33 % des PME utilisent l’IA ou l’apprentissage machine pour automatiser les tâches routinières

La lutte contre les changements climatiques

L’heure n’est plus à la théorie lorsqu’il est question de cet enjeu. De fait, aujourd’hui, les PME doivent composer avec les répercussions bien réelles des phénomènes météorologiques extrêmes.Plus de la moitié des PME ont été directement touchées par des phénomènes météorologiques extrêmes, lesquels ont entraîné une hausse des coûts d’exploitation.

La plupart des dirigeants de PME sont conscients qu’ils doivent prendre des mesures à l’égard des changements climatiques en mettant en place des pratiques et des politiques écologiques. Et pourtant, bon nombre d’entre eux disent qu’ils ne savent pas exactement où commencer ni à quel moment ou encore quels outils ils doivent utiliser pour mesurer, analyser et réduire leur empreinte carbone. Malgré tout, les PME sont déterminées à surmonter ces obstacles.

Les facteurs ESG toujours dans la mire

Les PME canadiennes sont toujours déterminées à honorer leurs engagements en ce qui concerne les facteurs environnementaux, de société et de gouvernance (ESG). Les dirigeants de PME reconnaissent que le fait de mettre davantage d’emphase sur les facteurs ESG est « bon pour les affaires » lorsqu’il s’agit de répondre aux attentes des parties prenantes, d’attirer et de retenir les talents et d’avoir une longueur d’avance en ce qui a trait à la réglementation sur les changements climatiques.

L’attitude à l’égard de l’intégration des facteurs ESG est encourageante. Cependant, la majorité des PME juge difficile de rester au courant des règlements et des normes qui s’appliquent aux facteurs ESG. L’occasion est donc toute indiquée d’aider les entreprises dans leur parcours vers l’intégration des facteurs ESG.

65%
65 % des PME craignent de perdre des contrats d’approvisionnement ou des occasions d’affaires parce qu’ils n’ont pas mis assez d’efforts sur les facteurs ESG
72%
72 % des PME reconnaissent qu’il est difficile de rester au courant des règlements et des normes qui s’appliquent aux facteurs ESG

Le contexte fiscal

Les PME canadiennes connaissent très bien l’importance de demeurer conforme aux mesures fiscales, aux obligations relatives à la présentation de l’information et à la réglementation. Or, 57 % d’entre elles disent avoir de la difficulté à le faire en raison de la complexité grandissante du contexte fiscal canadien. En outre, 79 % des PME croient que les membres de la direction jouent un rôle plus important que par le passé dans l’établissement de la stratégie fiscale de l’entreprise.

Les changements à venir concernant la législation fiscale (comme la planification de la relève, les dons de bienfaisance et les déductions d’intérêt) préoccupent la plupart des PME. La majorité (63 %) estiment que les récentes modifications fiscales ont eu une incidence sur leur plan de relève intergénérationnelle. Pourtant, même si elles voient la fiscalité comme un fardeau, la plupart savent que l’impôt est un outil efficace pour stimuler l’économie verte (74 %) et pour atteindre de grands objectifs sociétaux comme l’abordabilité et l’égalité des revenus (65 %).

Relève et transition

Le sujet de la planification de la relève prend de plus en plus d’importance chez les PME, surtout du côté des entreprises familiales, qui représentent 41 % des répondants cette année. Une proportion de 75 % des PME accélèrent la planification de la relève, notamment en raison de leurs inquiétudes quant à leur capacité de continuer à gérer dans un contexte d’incertitude constante, des pressions grandissantes liées aux facteurs ESG, de leur réticence à suivre le rythme des nouvelles technologies ou encore de leur désir de prendre une retraite anticipée.

Dans l’ensemble, la majorité des dirigeants de PME canadiennes cherchent à transmettre leur entreprise à un membre de la famille de la prochaine génération ou à un nouveau dirigeant de l’externe. Toutefois, parmi l’ensemble des entreprises familiales sondées, une forte majorité (71 %) estime que la prochaine génération n’est pas prête à assumer de telles responsabilités et qu’un plan de relève intergénérationnel détaillé est essentiel pour atténuer les risques liés à la continuité des activités.

79%
79 % des dirigeants d’entreprises familiales aimeraient garder l’entreprise au sein de la famille
71%
71 % des dirigeants d’entreprises familiales estiment que la prochaine génération n’est pas prête à assumer la gestion de l’entreprise

Recherche de talents et immigrants qualifiés

À première vue, les PME semblent avoir des opinions contradictoires sur les talents; même si 26 % ont déjà réduit leurs effectifs, que 55 % d’entre elles ont l’intention de le faire au cours des trois prochaines années et que 85 % d’entre elles ont procédé à un gel de l’embauche ou ont l’intention de le faire à court terme, il demeure qu’elles sont nombreuses à chercher des employés qui ont les compétences nécessaires pour stimuler la croissance, s’adapter aux technologies importantes et former leur main-d’œuvre en fonction de la nouvelle économie.

Même compte tenu de l’arrivée d’immigrants qualifiés au Canada, une vaste majorité des PME (84 %) n’arrivent pas à trouver les talents nécessaires pour atteindre ces objectifs. De fait, 72 % des dirigeants de PME recrutent du personnel hautement qualifié directement à l’extérieur du Canada (p. ex., des experts en science des données, des ingénieurs, des professionnels en technologie de l’information et autres professionnels).

De plus, la plupart des dirigeants de PME (74 %) estiment que le niveau élevé du coût de la vie au Canada, combiné à l’accès difficile à des logements abordables fait qu’il est plus difficile chaque jour d’attirer et de retenir les meilleurs talents, que ceux-ci soient recrutés au pays ou à l’étranger.

Aller de l’avant

Alors que les PME canadiennes se préparent à relever les défis continus qui se présentent à elles, certaines tactiques et approches peuvent les aider à concrétiser leur optimisme.

  • Évaluez votre entreprise en fonction d’une approche 360° – La croissance et la durabilité d’une entreprise ne reposent pas sur un seul et unique facteur. Ciblez les mesures et les investissements qui favoriseront la croissance et donnez-leur la priorité.
  • Faites la paix avec la complexité – Les défis complexes et interreliés qui nécessitent l’attention et les ressources des dirigeants sont plus nombreux aujourd’hui que jamais auparavant. Pour progresser, les dirigeants doivent apprendre à composer avec les microdécisions.
  • Tirez des leçons du passé – Chercher les occasions de croissance ne signifie pas réinventer la roue. Il y a des raisons pour lesquelles votre entreprise a réussi jusqu’à maintenant. Déterminez ce qui fonctionne et cherchez des façons de tirer parti de vos forces.
  • Dotez-vous d’un plan de relève – La transition du pouvoir est un moment décisif dans toutes les entreprises. Approchez cette transition en vous dotant d’un plan et dans un esprit de collaboration de façon à ce que tout le monde soit au fait des changements à venir.

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À propos des enquêtes de KPMG

KPMG Entreprises privées a mené une enquête auprès des propriétaires d’entreprises et des décideurs membres de la haute direction de 700 petites et moyennes entreprises canadiennes du 30 août au 25 septembre 2023, en faisant appel à la plateforme de recherche d’entreprises de premier ordre de Sago. Un quart des entreprises sondées comptent un chiffre d’affaires annuel de plus de 500 millions de dollars canadiens et de moins d’un milliard de dollars canadiens, un quatre d’entre elles compte un chiffre d’affaires annuel de plus de 300 millions de dollars canadiens et de moins de 500 millions de dollars canadiens, 23 % d’entre elles comptent un chiffre d’affaires annuel allant de 100 millions de dollars canadiens à 300 millions de dollars canadiens et 26 % d’entre elles comptent un chiffre d’affaires annuel allant de 10 millions de dollars canadiens à 50 millions de dollars canadiens. Aucune entreprise sondée n’avait un chiffre d’affaires annuel inférieur à 10 millions de dollars canadiens.